15/06/2010

ATELIER D'ÉCRITURE 008

    En fait, je n'y suis pas allée, j'ai eu un empêchement. Mais j'ai quand-même écrit un texte hier sur le sujet demandé : Joker. J'ai essayé de m'imposer quelques contraintes, comme le dialogue ou le présent. Je ne sais pas trop ce que ça vaut, enfin, j'ai fait un petit dessin alors je poste tout ça ici.

« Bonjour !
- Salut ! Margaux, c’est ça ?
- Oui, et toi c’est Aldo ?
- Oui c’est moi.
- Désolé pour le retard, j’espère que tu ne m’as pas attendue trop longtemps. J’ai toujours un peu de mal avec la ponctualité et…
- Ma non, moi aussi j’étais un peu en retard, ne t’embête pas, je suis Italien, je comprends, je n’ai pas de problème avec ça.
- Ça n’a pas commencé ?
- Non, je crois qu’il y avait quelque chose avant, c’est pas encore fini. On a un peu de temps.
- Ah bon, alors ça va. Tu parles bien Français dis donc. On peut peut-être prendre un café en attendant, non ?
- Si, pourquoi non. »

    Margaux et Aldo ne se connaissent pas. Ils se sont un peu parlé sur internet, parce qu’Aldo vient d’arriver à Paris de son Italie natale, veut apprendre le Français et faire des rencontres. Lui et Margaux sont inscrits à un réseau social sur la toile, qui met en relation des personnes de diverses nationalités dans le monde entier, pour partager un canapé, un café, un moment, et permettre aux voyageurs de toucher plus directement à la réalité de la vie du pays qu’ils visitent. En ce moment Margaux a un peu de temps pour elle et a pu se permettre d’accepter un rendez-vous pour aller assister à une conférence dans un centre culturel de la proche banlieue parisienne. Là, en cet instant précis, elle se dit que c’est bien, parce qu’elle sent que tous les deux n’ont pas d’attirance physique mutuelle, donc ils pourront avoir une relation amicale sans jeux de séduction. Une relation d’un genre tout particulier, qui apaise et qui ressource. Tout cela n’est pas vraiment encore clairement formulé bien sûr. Ce n’est qu’une intuition, mais elle se vérifie pendant la conversation fluide et agréable qui accompagne ce premier café en sa compagnie. Ils ont des points communs, ils sont portés par un intérêt pour la création artistique en général, ils veulent se réaliser dans cette sphère, ils cherchent des solutions pour vivre bien et être heureux en faisant ce qui leur plaît. Ils veulent produire de la beauté et du sens, et les partager. Ces sujets animent leur causerie.

    Celui de la conférence n’a pas d’importance. Ce qui en a une, est qu’elle était intéressante, qu’Aldo n’a pas tout compris, qu’il y avait beaucoup d’étudiants car le lieu est un peu alternatif, et que Margaux et lui sont sur la même longueur d’ondes. Pas besoin de trente six mois pour comprendre cela. Une personne rencontrée un jour peut devenir une amie dans l’instant. Les affinités ne se décident pas, le lien se fait ou ne se fait pas. La conférence est finie, ils marchent sur le trottoir animé de ce quartier de puces et d’antiquaires, au milieu d’un désordre étudié qui rend le cheminement sinueux et lent entre les étalages et les maints objets épars qui débordent loin sur la route. Ils ont les yeux partout, regardent les choses, les vieillerie délicieuses des magasins-atliers, dénichées on ne sais où comme des trésors d’un autre temps. Margaux touche à tout, babille, se laisse aller au plaisir de n’avoir pas d’obligations, d’être là pour le plaisir, et profite de l’exquise lenteur de leur promenade. Ses incertitudes, ses peurs, ses défaites, ses reculs, ses hésitations quotidiennes sont loin d’elle à présent. Et là, Aldo, Aldo qui voit tout, aperçoit sur le sol (qu’il persiste à appeler le « soleil » à cause –ou grâce– à un faux-ami italien) une carte à jouer face contre terre. Il se baisse, la ramasse, la retourne. C’est un Joker. Parmi toutes les cartes possibles, c’est un Joker qu’il trouve, ramasse et découvre. Sourire complice, il la range dans sa petite besace, avec soin.

    Quelques mois plus tard, Aldo rentre en Italie. Son bail est terminé, et son temps à Paris est écoulé. Il organise une petite sauterie d’au revoir avec ses amis Français. Margaux est là. La soirée est agréable, les gens sont sympathiques, le courant passe, les discussions sont animées, les rires fusent, le départ de l’ami est joyeusement fêté. Mais il est déjà l’heure de partir, le dernier métro n’attend pas, il faut se lever le lendemain, la nuit est courte. Margaux est sur le pas de la porte, dit au revoir à son ami, « on ne se perd pas de vue, j’irai en Italie, je te ferai signe, on peut s’écrire ». Aldo sort de sa poche une enveloppe et la lui tend. « Ouvre la plus tard ». Elle s’en va. Dans le métro la curiosité l’emporte sur la patience et elle prend l’enveloppe, l’ouvre. À l’intérieur : la carte du Joker, et un post-it « comme souvenir, voici la chance. Aldo ».


Edit : ah c'est bizarre, je viens de me relire,
on dirait une note d'intention pour un court métrage ou une BD.
Bon, c'est comme ça.
D'ailleurs je dis ça, ce n'est qu'une remarque sans suite.
Mais c'est curieux quand-même.

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